C’est devenu une tradition à Yvoir: chaque année, au coeur de l’automne, Pierrot Lazard, l’abbé Bernard Van Vinckt et leurs acolytes organisent la « Fièsse au wallon ». C’est, à chaque fois, l’occasion de mettre en valeur le parler traditionnel de nos villages. La « Fièsse » rassemble dans la bonne humeur et une ambiance très conviviale acteurs, poètes, écrivains, conteurs et chanteurs wallons qui peuvent ainsi librement démontrer l’immense richesse de cette langue dont Julos Beaucarne nous disait qu’elle n’était rien d’autre que le « latin venu à pied du fond des âges »…
Le spectacle s’est déroulé le dimanche 23 novembre dans la belle salle de spectacle du Centre d’Accueil de la Croix-Rouge à Yvoir. En ouverture du spectacle, la lecture de deux poèmes d’André Quevrain a rendu un hommage discret à cette personnalité incontournable et généreuse de Crupet, disparu il y a quelques mois. Ce sont ensuite deux représentantes des « Rèlîs Namurwès » (nos académiciennes en quelque sorte) qui ont mis en scène de superbes textes d’André Henin, issus d’un ouvrage édité par Bernard Louis en 2013 et consacré à ce grand littérateur wallon. La première partie du spectacle s’est clôturée par un morceau d’anthologie: la déclamation par Pierrot Lazard de la « tirade du nez » de Cyrano parfaitement adaptée en namurois par les soins de cet infatigable défenseur du wallon de Namur. Une démonstration que tout est vraiment possible en wallon… Les « fauves » de Bernard Van Vinckt et les airs traditionnels joués par Gérald Vande Walle et ses deux compagnons ont également pimenté cette première partie du spectacle.
La deuxième partie du spectacle s’est ouverte tout en douceur avec Willy Marchal et sa guitare portant de magnifiques textes wallons sur des musiques de Georges Brassens. Ensuite vint le plat de résistance… un plat de résistance totalement déjanté puisque on y retrouva l’empereur Charlemagne (sous les traits de Bernard Van Vinckt) en visite d’inspection à l’école wallonne de Godinne… Et voilà l’empereur à la barbe fleurie bien dépité de constater que les standards de qualité sont loin d’être rencontrés à Godinne!
Comme de tradition, l’après-midi se clôtura par une vibrante « Petite Gayolle » et un non moins émouvant « Li Bia Bouquet »…
Les 2 confréries d’Yvoir -le Clos des Mannoyes et l’Ordre de la Prévôté de Poilvache- avaient une fois de plus tenu à s’associer au spectacle. Elles rendirent ainsi, en robe et grand habit, un bel hommage à Charles le Magne !