Synthèse historique

La forteresse médiévale de Poilvache a eu une existence militaire et villageoise entre 1228 et 1430, poétique, paysagiste, naturaliste, mystérieuse et romantique aujourd’hui !

Ce fut aussi le centre administratif d’une prévôté regroupant 58 fiefs dont le territoire, situé sur la rive droite de la Meuse principalement entre le sud de la forêt d’Arche et le nord de Dinant , fut cédé en 1199 par « la paix de Dinant » à Ermesinde fille d’Henri l’Aveugle, héritière du comté de Luxembourg.

La prévôté de Poilvache a battu monnaie, de la fin du XIIIième siècle au XIVième siècle sans y inscrire son nom officiel ! Les pièces de monnaie reprennent de façon constante un nom : Emeraude ou Meraude. Ce choix reste un mystère et suscite bien des questions !Deux noms pour un même château ou deux châteaux situés dans la même entité administrative ?  Cette seconde hypothèse attire les faveurs de l’auteur de cet article !

Les deux siècles d’existence se répartissent essentiellement en trois grandes périodes : luxembourgeoise, namuroise et bourguignonne.

La première période s’étale sur 114 ans, de 1228 à 1342. Le château défend la zone nord du territoire du comté luxembourgeois régulièrement exposé dans des conflits régionaux.

Un de ses plus nobles propriétaires fut Jean l’Aveugle, né en 1296, comte de Luxembourg en 1310, roi de Bohême la même année par son mariage avec Elisabeth de Bohême.  Durant ses nombreux périples à cheval en Europe, Jean se rendit plusieurs fois dans son château de Poilvache. Bien que le Luxembourg fut intégré dans l’empire germanique, Jean l’Aveugle a mené une politique très française avec Philippe le Bel.  Lors de la guerre de 100 ans (1337-1453), Jean se joignit au roi de France dans sa lutte contre le roi d’Angleterre. Il mourut au combat à la bataille de Crecy en 1346.

La vente de la prévôté de Poilvache en 1344 à Marie d’Artois, comtesse de Namur, fait de ce territoire une possession du comté de Namur durant 77 ans. Marie d’Artois avait épousé Jean de Dampierre comte de Namur et fils du comte de Flandre Guy de Dampierre. Mère de quatre comtes de Namur, elle fut un personnage hors norme, comme son frère Robert d’Artois qui fut, pour elle, source de bien des soucis!

Le  petit fils de Marie d’Artois, Jean III de Namur, vend en 1421 le comté de Namur au duc de Bourgogne, Philippe le Bon.  C’est par un acte séparé, marquant ainsi l’autonomie de ce territoire, que les délégués de la prévôté reconnaissent en ce duc, leur nouveau souverain. Le château existera encore durant 9 ans pendant la  période bourguignonne.  Le nouveau propriétaire va consolider les murailles de l’antique forteresse, mais sans avenir assuré !  Sa destruction par les liégeois et hutois en 1430, ennemis séculaires, sonna le glas de ce vaisseau terrestre qui ne pouvait plus répondre aux exigences de la guerre en cette fin du moyen-âge et ne connut jamais un long fleuve tranquille durant ses deux siècles d’existence !

La nature allait, au fil des siècles suivants, en faire un refuge de choix !

Guy Boodts, vice-président à l’archéologie et à l’histoire, châtelain de l’ordre de la prévôté.