La Réserve Naturelle

La Réserve Naturelle Domaniale de Champalle et de Poilvache

Le site de Poilvache bénéficie depuis de nombreuses années d’un statut de protection du milieu naturel.

La Meuse forme un large couloir par lequel des espèces végétales méridionales ont pu s’avancer loin vers le nord, en bénéficiant de l’ensoleillement des rochers calcaires ou siliceux. La Réserve Naturelle Domaniale de Champalle – Poilvache comprend deux sites : les falaises calcaires et le plateau boisé de Champalle (total : 32ha) et le site de Poilvache sur l’éperon calcaire (total : 19ha).

« La réserve naturelle présente en fait un ensemble remarquable de groupements végétaux, tous sur du calcaire, depuis des associations pionnières des rochers jusqu’à des types forestiers diversifiés. Tous ces groupements sont en pleine évolution, suite aux variations climatiques (sécheresse de 1976), aux modifications de la faune (myxomatose, suppression de la chasse) et suite au dynamisme propre de la végétation et des sols. La réserve naturelle constitue donc un terrain d’observation et d’expérience unique pour étudier cette évolution qui se fait sous un climat chaud et sec » (bien exposé au sud-ouest) : le paysage se transforme vers une buxaie-chênaie sur les versants chauds; vers une hêtraie sur le plateau et les versants mésophiles (glossaire); vers une forêt à frênes et à tilleuls dans les zones plus fraîches. Cette évolution exige des décennies: le cadre protégé d’une réserve naturelle est donc indiqué. (extrait d’un synthèse rédigée par la Division Nature et Forêt en 1978)

Ce statut de protection est tout profit pour tout un chacun : pour les botanistes qui peuvent étudier la végétation et son évolution dans ces niches écologiques spécifiques, pour les touristes qui trouvent là un terrain de promenades uniques (à condition qu’ils ne détruisent rien) et même pour les amoureux de ruines envahies de végétation.

A la découverte de la Réserve Naturelle…

Un large chemin et des sentiers escarpés permettent d’y accéder depuis la vallée. Au pied de l’éperon rocheux, se groupent les maisonnettes du village de Houx, bâties là au mépris du danger constitué par la falaise rocheuse et les ruines du château. Comme nous l’apprennent l’archéologie du paysage, les bois environnants ont été surexploités à l’époque des forges d’Yvoir. Voilà pourquoi le visiteur traverse un taillis sous futaie plutôt qu’une forêt d’arbres « cinq fois centenaires ». Des traces de passage d’animaux sauvages (sanglier, biche, …) peuvent être observées à mi-chemin du vallon méridional du site, assez encaissé, au fond duquel coule le Ry-Simon. En plus de deux très belles petites cascades calcaires, le promeneur s’attardera à une curiosité du ry: son cours est en partie souterrain. Un chantoir de calcaire le fait disparaître avant le confluent avec un autre petit ruisseau. Le ry réapparaît de manière diffuse une centaine de mètres plus bas.

Les versants de Poilvache sont diversement exposés. Au nord, c’est la chênaie à charme ou l’érablière de ravin à scolopendre qui recouvrent les pentes, alors qu’au sud la végétation est nettement plus basse, avec des fourrés thermophiles à cotonéaster et genévrier commun, des gradins envahis par des pelouses calcicoles plus ou moins sèches assez voisines de celles que l’on peut observer à Champalle.

Ce qui frappe le plus en pénétrant dans le site, ou en l’admirant de loin, ce sont les grand Pins Noirs d’Autriche peuplant l’intérieur des ruines. Ces conifères, non indigènes, ont été plantés vers 1875. Le pin noir est une essence forestière particulièrement bien adaptée aux sols calcaires secs et superficiels, mais fissurés. Les parties ombragées des ruines et des fossés abritent des fragments d’érablière riches en actées en épi.

La « ville » est envahie par des groupements de lisière à brachiopode penné et origan. Les travaux de consolidation, nécessaires, ont détruit un certain nombre de plantes de murailles mais on constate la vitalité de la recolonisation naturelle par la végétation, y compris dans les murailles récemment restaurées: l’homme doit régulièrement intervenir pour contrôler cet envahissement. La flore au sol, suivant les saisons, est assez diversifiée : elle est liée au substrat calcaire, mais surtout aux remaniements du terrain dus aux activités humaines (plantes dites alors rudérales).

Le fossé et les murs du château proprement dits sont en cours de nettoyage archéologique. L’enceinte septentrionale offre encore aux visiteurs des murailles entièrement recouvertes par la végétation qui tend à les faire disparaître.

Quelques spécimens types de Poilvache:

ARBRES : pin noir, chêne, frêne, tilleul, bouleau, érable champêtre, charme, merisier, mélèze, pin sylvestre, épicéa

ARBUSTES : noisetier, sureau, cornouiller, aubépine, fusain, genévrier

SUR LES MURAILLES : giroflée, chélidoine, ail, épilobe, lierre, clématite, fougères, fétuque, paturin

PELOUSE CALCAIRE : brachypode, géranium, origan, iris bleu, millepertuis, vesce, fer à cheval, gaillet, campanule, mauve, mule, actées, gouets, linaire, menthes, bugle rampant…