été 1430

Faisons un petit pas de côté et revenons à 1429. Et si Philippe le Bon avait pris Montorgueil en février 1429 ? Et si les Dinantais n’avaient pas entraîné les autres milices urbaines liégeoises dans une grande opération punitive en pays namurois après cette tentative ratée ? Et si Philippe de Saint-Pol, duc de Brabant, était mort plus tôt que août 1430 ? Poilvache n’aurait-il pas été assiégé et détruit en juillet 1430 ? Ainsi, un événement peut tenir à peu de choses comme le montre Axel Tixhon, professeur d’Histoire à l’U Namur, en mettant en perspectives Poilvache.

N’empêche, Poilvache fut bien détruit en 1430. Cinq jours de siège mais pas de date plus précise d’une année et une saison, voire un mois. Il y a un témoin de ce siège victorieux en juillet 1430 et il a laissé des traces. Voici la fin du récit de Jean de Stavelot relatant le démantèlement de notre forteresse par les troupes de la Principauté de Liège renforcées, cette fois, par les armées de Dinant et de Huy :

« [ … ] mais la grosse bombarde de Huy tira un coup qui abattit une vieille paroi en leur citerne, si bien que l’eau fut toute souillée ; et perça ladite bombarde un autre vieux mur de sorte que la pierre passa tout  outre de l’autre côté de la forteresse. Et donc se rendirent au 5e jour ceux de dedans, saufs leur corps et leur avoir, si bien qu’on les laissa ainsi aller leur voie ; et fut ainsi gagnée la forteresse et furent mise à la tour maitresse les bannières de monseigneur de Liège, de la Cité, de Huy et de Dinant, de sorte qu’elles furent visibles de Bouvignes ; et qui, fut ladite forteresse abattue et toute démolie. » (Jean de Stavelot, Chroniques ; texte original et son étude ici)

Cette destruction de Poilvache en juillet 1430 est un événement important qui explique l’état actuel des lieux et qui nous informe de ce que les hommes y ont fait. Vous en visitez les ruines. Vous soutenez, à travers l’Association des Amis de Poilvache, sa préservation, son étude et son animation. 

Ce récit touche aussi l’humain et le citoyen que vous êtes. Posons un regard philosophique. Ce récit donne à penser de nombreux points sur l’être humain, la réalité et le monde dans lequel on vit et il pourrait nous interpeler. Formulons quelques questions vaches qui méritent, vous en conviendrez peut-être, une recherche collective et démocratique : 

*Qu’est-ce qu’un bon témoin ? A quelle conditions peut-on se fier à un témoignage ? 

*« Pourquoi … ? Parce que … » Y a-t-il une seule cause pour expliquer un fait ?
*Faites-vous une différence entre la cause et la raison d’un fait ?
*Qu’est-ce qu’une cause ? Que recherche la science moderne ?

*Le citoyen namurois / luxembourgeois / bourguignon / belge au XXIe s. doit-il ne pas oublier cette date de 1430 ? Doit-on commémorer cette mort de Méraude et en faire un devoir de mémoire ? Poilvache peut-il devenir un lieu mémoriel ?
Doit-on en rire ou en pleurer ? Est-ce une bonne alternative ? 

*Pourquoi les hommes se font-ils la guerre ? 
*Etes-vous d’accord avec le point de vue de Hobbes qui définit l’humain à l’état de nature comme homo lupus est [L’homme est un loup pour l’homme] ?
*Fait-on la guerre ou fait-on la paix ? De la guerre ou de la paix qui est première ? 
*Un homme religieux peut-il faire la guerre ? 
*Un chrétien catholique peut-il faire la guerre ?
*Y a-t-il des guerres justes ? 
*Laissez sortir vivants les occupants d’un lieu assiégé avec leurs avoirs adoucit-il la violence des faits ?
*La forteresse abattue, les murs furent démantelés : Que vaut un exemple ?

Ou encore : 

-La citerne de Poilvache est touchée. Plus d’eau, plus de vie. L’Eau est-elle en effet l’élément vital ?
-Toute forteresse est-elle un château ?
-Les vieux murs percés par la bombarde de Huy : La faiblesse est-elle l’apanage des vieilles choses ? 
Les bannières liégeoises au sommet de la tour maitresse : Marquer son territoire n’est-il pas animal ? 

Bonnes réflexions à vous et n’hésitez pas à participer à cette cueillette de questions en proposant votre propre interpellation ou en reformulant l’une ou l’autre de ces questions.