Chantier de restauration

Le texte ci-après ainsi que les illustrations qui l’accompagnent constituent l’un des articles du numéro 81 du Bulletin des Amis de Poilvache (3ème trimestre 2012).  L’article  a été écrit par Inès Leroy, collaboratrice scientifique de la Maison du Patrimoine Médiéval Mosan de Bouvignes, que nous remercions vivement ici.

Les « métiers du patrimoine » au service de Poilvache

Fig.1  Vue générale des travaux

Fig.1 Vue générale des travaux

Depuis 1999, l’Institut du Patrimoine wallon dirige un centre des métiers du patrimoine dont l’objectif est d’assurer la transmission des savoir-faire en matière de patrimoine architectural. Les stages de perfectionnement organisés dans ce cadre s’adressent aux professionnels du secteur de la construction mais également aux privés soucieux des techniques anciennes de restauration. Un outil magnifique dont la Maison du patrimoine médiéval mosan a l’idée de profiter, dès la fin de l’année 2011, en proposant  l’organisation d’un stage de « Maçonnerie de moellons », sous la direction de J. de Pierpont, sur le site de Poilvache. Ce projet s’insère directement dans les missions de la MPMM relatives à l’entretien et à la valorisation des châteaux, propriétés régionales initiées au sein de diverses activités.

Deux objectifs ont guidé l’élaboration du projet. D’une part, il s’agissait de former Matthieu Plumier et quelques « Amis de Poilvache », J.-P. Willame et J. Cochart, aux techniques de restauration traditionnelles, à la chaux, de manière à pouvoir réagir efficacement et intelligemment, si le besoin se présentait. D’autre part, c’était l’occasion d’intervenir sur des structures archéologiques en péril afin d’assurer leur conservation. Inutile de dire que la tâche est grande à Poilvache et que les zones en attente d’intervention ne manquent pas. Il a fallu cependant trancher et c’est la zone nord-est du site qui a été privilégiée sur base de critères de sécurité et de conservation d’éléments majeurs du site.

Fig.2 localisation des interventions

Fig. 2 : Localisation des interventions.
1. Consolidation de l’arc en cintre de la porte ;
2. Réfection d’une panse au niveau du parement du mur ;
3. Consolidation du passage vers les éléments défensifs ; 4. Réfection d’une panse au niveau du parement du mur (DAO : SPW-DGO4)

La formation à Poilvache

Fig 3 zones 1 et 2Après quelques heures de formation théorique, place aux travaux pratiques. C’est en mai 2012 qu’ils débutent autour de quatre tâches bien définies :

  1. La stabilisation et le renforcement de la porte dont le cintre était toujours intact bien que particulièrement vulnérable ;
  2. Le démontage et le remontage du mur dans le prolongement de cette porte ainsi que la restauration et le traitement de la zone faîtière ;
  3. La consolidation du passage vers le boloirque ;
  4. Le démontage et le remontage du mur dans le prolongement de ce passage.

Les désordres étaient de tous ordres. La porte présentait une fragilisation importante due aux intempéries et aux affres du temps. Les murs présentaient des panses proches de l’effondrement résultat d’une percolation importante des eaux de pluie ayant entrainé une dissolution partielle des mortiers. Enfin, au niveau du passage entre la forteresse et le boloirque, l’embrasure droite présentait de sérieux désordres (effondrements, désolidarisation de la maçonnerie, etc.). La chute d’une énorme pierre du piédroit était imminente.

Piédroit du Boloirque

Méthodes

Théoriquement, la technique semble simple : numéroter les pierres, dégager la végétation et la terre du faîte des murs, démonter systématiquement l’ensemble, nettoyer et dépoussiérer les structures, remonter l’ensemble à l’identique et le cas échéant, restaurer le faîte du mur.

En pratique, les choses se compliquent ! Chaque cas apporte son lot de surprises qui engagent à une remise en question constante de son intervention et des conséquences de celle-ci. Globalement, l’ensemble des structures a fait l’objet de consolidation, ragréage (repositionnement de parements expulsés, déchaussés) ou démontage et remontage à l’identique. Une restitution partielle du parement était ponctuellement indispensable pour assurer la cohésion générale des maçonneries. Un rejointoyage en profondeur termine la mise en œuvre des parements. Enfin, la restauration des faîtes de murs qui consiste le plus souvent en la réalisation d’une calotte de mortier sur laquelle on applique un matelas de terre ensemencé, est en attente de réalisation. Cette mise en œuvre est primordiale car elle permet de diminuer considérablement la percolation des eaux. Le matelas de terre joue un rôle de régulateur thermique diminuant le risque d’éclatement des maçonneries.

Le choix des matériaux est essentiel. La chaux s’impose pour ses nombreux atouts. Ses capacités à la fois de résistance et de souplesse expliquent la longévité de nos monuments et de nos ruines. Le sable joue également un rôle majeur car il atténue le retrait de la chaux lors de son rétrécissement, permet d’accélérer la prise et augmente la résistance des mortiers.

Conclusions

De l’avis de tous, cette semaine de stage était trop courte ! C’est un sentiment partagé entre la fierté du travail accompli et la déception de l’œuvre inachevée qui régnait. Et pourtant… C’est bien là une première étape vers d’autres initiatives concrètes.

Outre l’apprentissage et la consolidation ponctuelle d’éléments architecturaux, ce stage a, avant tout, été l’occasion d’une rencontre et d’un véritable échange entre passionnés ou amoureux du patrimoine.

Inès Leroy – collaboratrice scientifique à la MPMM

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