Courtines Nord et Ouest

Situé entre la Tour de l’Ouest (à gauche de la photo) et le point de vue vers Champalle et Yvoir (à droite), ce pan de mur bien conservé nous permet de mieux comprendre l’architecture d’origine du lieu.

Les flancs nord et ouest de la forteresse sont naturellement protégés de toute attaque par la configuration du terrain. Toute tentative de lancer des assauts sur ces côtés aurait été difficile, voire impossible, en raison de la pente importante du relief et de la falaise. Cependant, les occupants de Poilvache ont malgré tout jugé indispensable de fortifier ces deux zones, non seulement sans doute pour augmenter l’efficacité de la défense mais aussi pour se procurer des possibilités d’observation et de contrôle incomparables.

Les murailles construites atteignaient une hauteur vraisemblablement comprise entre 6m et 9m. Leur épaisseur n’est que de 1,50 m, ce qui s’explique par le fait que les risques de destruction par l’artillerie étaient très faibles, voire nuls. En effet, du XIIIe siècle au début du XVe siècle, les machines de siège sont surtout des machines à balancier qui projettent des boulets de pierre à une distance de 50m à un peu plus de 200m. Pour qu’elles aient un minimum d’efficacité, il faut, en raison de leur poids et de leur manipulation, qu’elles soient installées en terrain plat, ce qui était absolument impossible sur les côtés nord et ouest de Poilvache.  Dans de telles conditions, il n’était pas nécessaire de construire des courtines fort épaisses. Leur sommet sera simplement équipé d’un chemin de ronde dont le poids sera supporté par des corbeaux. Beaucoup de ces derniers subsistent. La protection de la garnison était assurément complétée par un parapet ou des créneaux.

Dans le mur, on aperçoit encore des trous de boulin : l’enceinte très haute n’a pu être bâtie qu’avec l’huile de bras et des échelles permettant aux constructeurs de l’élever à 3-4 m de hauteur. Il faut y ajouter un peu d’ingéniosité : les trous de boulins servent à fixer au fur et à mesure de la construction du mur des échafaudages et des planchers en pente pour monter les pierres.

La question de savoir ce que l’on en faisait après la construction du mur reste ouverte : décor ? Support de toit ?

Une analyse dendrochronologique par P. Hoffsumer a permis de dater quelques morceaux de poutres en chêne conservés dans ces trous de boulin : ils dateraient de 1325.

Le bel espace qui s’étend dans cette angle de la forteresse a été retenu par l’Ordre de la Prévôté de Poilvache pour y tenir son Chapitre annuel.  C’est ici, au printemps, à l’ombre des murailles, qu’ont lieu chaque année les intronisations des nouveaux membres de l’Ordre, en reconnaissance des services rendus à la Prévôté ! (voir aussi notre page « Ordre de la Prévôté de Poilvache »)

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