Pins noirs d’Autriche

Pinus nigra nigricans austriaca

NL GB

D’après nos renseignements, c’est la famille de Lhonneux qui a décidé fin du XIXe siècle  de la plantation de cette espèce sur ce promontoire rocheux de Poilvache, plein de trous, de cailloux, autrement peu rentable pour prendre une perspective moderne d’économie. Ainsi furent plantés  130 pins en 1875 en pleine Révolution industrielle, sans doute pour revendre le bois adapté à l’étayage des galeries de mines. Aujourd’hui les pins noirs que vous admirez et qui font l’ambiance si spécifique de la « ville » se dressent sur  au moins 30m de haut. Le plus gros fait 3,5 m-4m de diamètre à hauteur d’homme. 

Le Pinus nigra nigricans austriaca était un bon choix au XIXe siècle vu le site. Cette essence résiste très bien au froid, à la sécheresse, au vent et à la pollution atmosphérique. Elle a besoin de beaucoup de lumière. Elle tolère les sols calcaires et autres sols pauvres. Son enracinement est puissant, même sur les sols superficiels. Poilvache répond en effet à tous ces critères. Aujourd’hui, le Pinus est repéré comme essence possible à planter  dans la perspective du réchauffement climatique. C’est une essence rustique qui tolère différents sols et se prête très bien au reboisement dans le cadre d’une restauration de terrain de montagne. C’est une des essences qui reboisera la forêt de Montplonne dans la Meuse ( Grand Est). Le petit peuplement de Poilvache dans la Réserve naturelle de Champalle n’apparait pas sur la fiche écologique officielle de la RW

La sous-espèce Pinus nigra nigricans austriaca est naturellement originaire de l’Autriche et des Balkans. Les fossiles les plus anciennement connus d’arbres apparentés au pin noir datent du Miocène, soit environ 20 millions d’années. 

Le Pinus nigra est une essence forestière de production. Ce résineux très résistant peut donner un bois aux bonnes propriétés mécaniques. On peut en faire du bois de charpente et de sciage. C’est un bon bois pour la fabrication de la pâte à papier. Il est sujet à la production de nœuds abondants mais une bonne sylviculture peut permettre d’en réduire l’importance. La pousse est laissée au naturel à Poilvache. Les noeuds sont donc abondants. 

La morphologie du Pinus est bien repérable dans le paysage. Sa cime est dense et obtuse, son tronc droit. Il a une croissance faible et un mauvais élagage naturel, ses branches latérales sont fortes. Quant à son écorce, elle est profondément crevassée, noirâtre. Les rameaux de l’année sont de couleur brun clair, peu luisants.  Les bourgeons de ses branches sont oblongs, pointus, résineux. Ses aiguilles ont une longueur moyenne (8-14 cm) ; elles sont rigides, piquantes, droites ou légèrement courbes, de couleur vert foncé et persistent 4 ou 5 ans. Le cône du pin d’Autriche est ovoïde conique, d’une longueur de 5 à 8 cm.  C’est un arbre monoïque, c’est-à-dire que ses fleurs unisexuées mâles et femelles sont portées par le même pied. Sa floraison intervient en mai ; la pollinisation et la dispersion sont assurées par le vent. Il faut deux ans aux cônes pour attendre leur maturité, ils tombent l’année suivante.

A Poilvache, les pins noirs ont vécu les guerres : la première guerre mondiale (1914-18) puis la seconde (1940-45) ! L’île de Houx est cartographiée comme un bon endroit de franchissement de la Meuse depuis plusieurs siècles. En cas de conflit, notre site est sous tension. Bref, comme nous l’a rappelé M. Bourtembourg, agent DNF d’Onhaye, les arbres sont sans doute truffés de … « plomb ». Et ils pourraient nous raconter beaucoup de choses …

Vous retrouverez le Pinus dans notre revue :

ZABUS Chr., Le Pin Noir d’Autriche. Pinus nigra Arnold var. austriaca. Famille des Pinacées dans « Les Amis de Poilvache. Périodique trimestriel », n°39, juin 2000, p.19-20, ill.