C’est une histoire courte proposée par Jean Buridan, philosophe du XIVe s., selon laquelle un âne mourait de faim entre deux picotins d’avoine placés à égale distance de lui (ou entre un seau contenant de l’avoine et un seau contenant de l’eau), faute de pouvoir choisir.

Le paradoxe de l’âne de Buridan n’apparaît dans aucune des œuvres connues de Jean Buridan, bien qu’il soit tout à fait cohérent avec la théorie buridanienne de la liberté et de l’animal. En revanche, cette thématique apparaît dans Du ciel, où Aristote se demande comment un homme qui doit choisir entre l’eau et la nourriture choisit entre elles. Spinoza travaille aussi l’exemple dans ses Pensées métaphysiques. Des présentateurs ultérieurs ont satirisé cette vue en un âne assoiffé et affamé, positionné à égale distance entre un seau d’eau et un seau d’avoine. L’âne meurt de faim et de soif alors qu’il hésite entre ses deux désirs. Buridan considère que la volonté peut retarder le choix pour déterminer plus complètement les résultats possibles de l’option.
On dirait aujourd’hui : un visiteur hésitant trop entre le château et la ville ou un touriste sur le pont à Yvoir hésitant entre Montaigle et Poilvache, un promeneur arrivé au pied du pont du chemin de fer à Houx hésitant entre Bouvignes (par le hallage, à plat) ou gravir à Poilvache ! Mais par où vais-je redescendre : le vallon du chemin de fer ou le vallon du Colleberre ?
Ainsi, l’âne du Buridan nous donne à penser que, face à des comportements possibles, l’humain doit toujours choisir le plus grand bien pour lui. Spinoza, lui, imagine que l’humain placé dans pareille situation serait incapable de choisir arbitrairement, selon sa liberté alors d’indifférence. Et vous ? Que veux-tu manger ce soir ? N’importe … A votre maman qui vous présente la poêle en vous demandant quel morceaux vous voulez, vous répondez : N’importe … Qu’est-ce qui vous pousse à agir ? Qu’est-ce qui fait pencher la balance ? Comment êtes-vous libre ?

Et la version poétique de Voltaire :
Connaissez-vous cette histoire frivole
D’un certain âne illustre dans l’école ?
Dans l’écurie on vint lui présenter
Pour son diner deux mesures égales,
De même force, à pareils intervalles ;
Des deux côtés l’âne se vit tenter
Également, et, dressant ses oreilles,
Juste au milieu des deux formes pareilles,
De l’équilibre accomplissant les lois,
Mourut de faim, de peur de faire un choix.
— Voltaire, La Pucelle d’Orléans, œuvre en 21 chants, chant XII, vers 16 -…. dans Œuvres complètes de Voltaire, t. XI, 1784









