Poilvache manquait de pot(s) … (semaine du 05 août)

Vous visitez les ruines d’un château et d’une ville du Moyen Age dans une Réserve naturelle domaniale. Des chemins bien tondus par le DNF vous permettent de parcourir l’essentiel mais la végétation cache beaucoup de murs et camoufle les structures. Le panorama sur la vallée mosane est magique. L’étendue du site impressionne. Les QRCodes vous donne l’essentiel pour comprendre le site médiéval. Mais qu’est-ce que les 4 chantiers de fouilles principaux qu’a connus Poilvache depuis 1879 ont révélé comme matériel ? Pour vous donner les premiers indices des trouvailles, cette semaine nous vous proposons dans notre nouvelle tente médiévale quelques illustrations des céramiques dégagées lors des fouilles. Cela vous donnera une idée de la vie quotidienne dans la ville et le château, et l’envie d’aller les voir en vrai au MPMM ou au Musée archéologique de Namur. Les autres terres cuites sont préservés dans les caves de l’AWaP. Les modèles sont l’Espace muséal d’Andenne.

Voici quelques notes de lecture du chapitre de Sophie Challe consacré à la céramique dans le catalogue « Quoi de neuf à Poilvache ? » du MPMM. 

La majorité des céramiques récoltées sont des terres cuites de production mosane – à pâte claire, orange ou très cuite, et plus rarement à pâte grise – le plus souvent partiellement glaçurées. Une bonne part de ce matériel mosan répond au répertoire de formes produites dans le centre potier d’Andenne, actif entre le Xe et le XIVe siècle. 

Cependant, le pichet à panse biconique ou la une bouteille à deux anses, entre autres, à pâte plutôt rose, obligent les archéologues à avancer l’hypothèse d’un atelier de potiers plus local.  

Les archéologues peuvent aussi attester d’échanges commerciaux réguliers avec le Rhin vu les grès façonnés pour le service à boisson. 

La céramique de Poilvache indique elle aussi la fin brutale du site qui a été rasé, pour l’exemple, par les troupes liégeoises en 1430 : les traces d’incendie et re-cuisson sont évidentes. 

Les archéologues ont retrouvé des exemples du matériel en terre cuite aussi bien pour le service à boisson que pour la cuisine (préparation, cuisson, table) ou pour le stockage au sens large. 

Les scientifiques ne peuvent pas faire de distinction de qualité, de forme ou d’usage entre la vaisselle retrouvée au sein même du château de celle provenant de la « ville ». Et en général, la vaisselle en grès est de qualité, destinée à une table riche. 

Les archéologues aimeraient prolonger cette première étude de base par des examens macroscopiques et par l’analyse plus systématique des tessons pour affiner et confirmer l’atelier local et mieux circonscrire les changements de gout possible entre la ville et le château et entre 1215-1228 et 1430. D’autre fouilles permettraient aussi de partir à la recherche de ce fameux atelier de potiers local … 

La semaine prochaine nous aborderons la thématique des armes, des objets en métal et de quelques fortifications. Bonne visite à vous !

Pour en savoir plus : 

CHALLE S., « La céramique de Poilvache » dans « Quoi de neuf à Poilvache? Une forteresse médiévale en vallée mosane » , Dinant, éd. MPMM, 2018, p. 167-172, ill. (en ligne sur www.cahiersdelampmm.be/poilvache )

TILMANT P-H, e.a., (dir), « Poilvache, une forteresse médiévale en bord de Meuse », Namur, éd. IPW,2017, 62p.  (Carnets du Patrimoine, 151). 

Cet article a été publié dans Uncategorized. Ajoutez ce permalien à vos favoris.