Géologie

La géomorphologie de Poilvache

Philippe Jaumin a publié une présentation de « la géomorphologie de Poilvache en Condroz ». Reprenons ici ses conclusions.

« Le relief du Condroz dont la superficie est de 3750 km2, l’étendue de 150 km d’O en E et de 25 km du N au S, peut être comparé à une tôle ondulée : c’est une région de moyens plateaux (280 à 350 m) où alternent les tiges gréseux (bombements) et les chavées creusées dans les calcaires au N et dans les schistes au S. Cette forme particulière de modelé s’explique par une érosion différentielle durant le Tertiaire où les calcaires et les schistes se sont altérés plus vite que les grès psammitiques).

Le site de Poilvache est constitué d’une assise de calcaire compacte du type carbonifère viséen en relief par rapport aux schistes houillers namuriens moins résistants circonscrivant les versants N et S du promontoire rocheux. Ce dernier s’élève à plus de 100 m au dessus de la Meuse s’écoulant au pied de son versant S-O et de 250 m par rapport à la mer. La Meuse et les ruissellements ont creusé et érodé les roches du terroir jusqu’à dessiner une vallée encaissée, à fond plat, et asymétrique à hauteur des méandres. La crête militaire de l’anticlinal de Poilvache a servi de poste d’observation, de position stratégique et de fondation au château comtal au XIIIe s. »

Le paysage en Géographie

Les paysages qui nous entourent se sont construits à partir de tout ce que l’histoire géologique nous a légué comme matériaux de base: sols, relief, rivières…  Décrire un paysage c’est identifier les structures spatiales nées de l’occupation de cet espace terrestre par les hommes et c’est analyser les relations qui sous-tendent ces structures.  Le lieu se caractérise par des éléments qui appartiennent autant à la nature ( = le donné de base) qu’à la culture des hommes qui occupent ce lieu.

Mais le paysage donne d’abord à voir à l’observateur l’image d’une espace circonscrit par ses propres sens: un lieu a donc plusieurs images.  Chacun de nous perçoit ainsi différemment les paysages rencontrés.

Le paysage rural traduit les rapports, parfois fort anciens, entre l’homme et la nature. Depuis qu’il est sédentaire, l’homme a modifié son environnement naturel. Il l’a marqué de sa culture en y construisant son habitat et en y défrichant des terres capables d’assurer sa subsistance. Pour identitifer l’organisation spatiale du lieu observé, il faut combiner des éléments et faire apparaître les positions qu’ils occupent les uns par rapport aux autres dans l’espace.

A titre d’exemple, intéressons-nous au plus célèbre des paysages observés depuis la Forteresse: celui que l’on découvre depuis la Tour du Midi.  On peut bien sûr toujours y lire les lignes de force de l’histoire géologique de la vallée de la Meuse, au travers de ses méandres, des ses anciennes plaines alluviales.  Mais, au-delà, on note surtout les innombrables altérations dues à l’activité humaine dans le courant des XIXe – XXe s. : plantation trop géométrique de peupliers sur l’île de Houx, barrage de Houx et berges endiguées, trop régulières et trop monotones de la Meuse, disparition des prairies et vergers de la plaine alluviale par l’extension anarchique des zones d’habitats, implantations industrielles, grands-routes et chemins de fer, …  A côté de cette présence massive des témoins de l’ère industrielle moderne, il est bien difficile d’encore déceler les traces des âges plus anciens… On peut juste encore se souvenir que la route régionale qui courre le long de la rive gauche de la Meuse suit le tracé de l’ancienne Chaussée Marie-Thérèse, ainsi baptisée en mémoire de l’Impératrice qui l’améliora pour faciliter les liaisons entre Bruxelles et Vienne sans passer par les terres de la Principauté de Liège…